Rouge Léviathan 2015

Collégiale Sainte-Croix, Loudun, France — Soie peinte et imprimée, cousue sur tarlatane, structure métallique — H. 280 x L. 1030 x P. 190 cm — Projections vidéo — Evénements sonores immersifs par Barah Héon-Morissette.

« Rouge Léviathan, un théâtre d’opération poétique. Dans la grande nef de la Collégiale Sainte-Croix, une sculpture ondoyante se déploie, s’élève en direction du spectateur. C’est une vague, la carène d’une barque renversée, le dos arrondi d’un géant marin, d’un animal mythique. Son corps souple, les plis et replis de sa peau ondulante, faite de soie rouge, sont d’une profusion toute baroque. Si cette luxuriance réveille des sensations d’opulence, un doute nous saisit. Cet aspect somptueux s’allie à une certaine symbolique de la ruine. [1] C’est la force d’évocation des matériaux.

Elles vont et elles viennent, elles vont et elles viennent laissant des sillages d’écume incertaine. [2]

Ailleurs, un parcours de l’abside nous invite au voyage. Dans l’alcôve d’une chapelle, un oculus laisse entrevoir une barque frêle : l’architecture primitive, trouée, ballotte, entre et sort du champ de vision ; l’embarcation aux allures de jouet flotte tant bien que mal sur la mousse agitée. Plus loin, comme à travers une lunette d’approche, les vagues d’une mer rouge, aux crêtes d’écume, les flux et reflux se fondent lentement l’une dans l’autre.

Un voyage immobile dans l’imaginaire rappelle ici que L’essentiel est d’être totalement présent à ce qui est présent. [3] » 

© Sabine Barbé 2015, Paris, France.

[1] René Viau, Géographie imaginaire, 2011 [2] Kenneth White, Les archives du Littoral, 2011 [3] Kenneth White, Ars Géopoéitica, 2011